Santiago Varela Ullastres et Grégory Bodo conçoivent depuis 2018 les parcours du Saut Hermès, l’un comme chef de piste, l’autre comme assistant. Des rôles qu’ils s’échangent régulièrement d’un concours à l’autre au fil des saisons de compétition. Rencontre avec ces deux metteurs en scène pour évoquer les fondements et les valeurs d’un métier aux multiples facettes dont le confort du cheval guide chaque dessin.
Profession : course designer
Plus que l’installation des barres en amont d’une épreuve, le chef de piste est un garant du bon déroulement du sport équestre, tant pour ses acteurs que pour son public.
Comme l’explique Grégory Bodo, il s’agit de « créer des parcours nés de sa seule imagination », que rien ne vient freiner, hormis les dimensions de la piste et celles des obstacles imposées par le règlement de chaque concours.
Le Français préfère l’expression course designer, qui décrit mieux le travail d’un metteur en scène veillant à la décoration, au terrain et à l’environnement de la compétition afin d’y diriger une troupe d’acteurs vouée aux performances d’exception.
Le cheval avant tout
En prêtant toujours attention au bien-être des chevaux, le course designer doit « fixer un itinéraire parfois semé d’embûches » dans une arène où prime le beau sport.
Santiago Varela Ullastres, chef de piste depuis trente-neuf ans, précise qu’une compétition 5* comme le Saut Hermès et sa surface restreinte supposent l’engagement « à 150 % » du chef de piste lors de la configuration minutieuse des combinaisons d’obstacles et des virages.
La difficulté de chaque épreuve incombe au cavalier seul : c’est à lui de maintenir la cadence, l’équilibre, les trajectoires pour aborder à bon escient les obstacles.
Athlètes de haut niveau, les chevaux en lice ont toujours une solution naturelle. Bodo et Varela Ullastres, qui ont vu s’élancer Hickstead, Clooney 51, King Edward et les meilleurs champions de leurs générations, ont à cœur que les chevaux « s’expriment sans difficulté » sous les feux de la rampe.
Hommes de théâtre
Depuis 2017, les deux amis et collaborateurs abordent avec le même esprit la mise en scène du sport équestre. Ils imaginent à deux les « fautes naturelles », les « incertitudes légères » des cavaliers, les actes majeurs de la compétition et les changements de décors.
Bodo, qui monte à cheval depuis l’enfance, s’est intéressé au dessin des parcours à 15 ans. Lui aussi cavalier dès son jeune âge, Varela Ullastres s’est consacré pleinement à la piste à 21 ans. Aujourd’hui, tous deux supervisent la formation et l’accompagnement des apprentis chefs de piste au plus haut niveau national, Bodo en France, Varela Ullastres en Espagne. Ainsi se transmet la « liberté de dessiner », sur le sable, des pistes toujours plus élégantes et spectaculaires.